Dans l’Orne, à quoi ressemblera le bocage en 2050 ? Des chiffres alarmants

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À quoi ressemblera le bocage en 2050 ? Un échange s’est tenu aux Tourailles (Orne) sur le futur du territoire avec agriculteurs, acteurs du monde agricole et simples habitants du bocage. ©Illustration Le Journal de l’Orne

Des rencontres autour de la thématique du bocage ornais ont eu lieu aux Tourailles (Orne). L’occasion d’échanger pour comprendre les enjeux territoriaux. Cap vers l’horizon 2050.

« La RAB (République Autonome du Bocage), c’est surtout un prétexte pour faire causer les gens entre eux, avec différents publics, c’est ça l’idée principale. »

Samedi 27 janvier 2024 à l’auberge associative des Tourailles (Orne) El Capitan a eu lieu les rencontres Bocage et pâturage, avec ou sans élevage, à quoi ressemblera notre bocage à l’horizon 2050, dans le cadre de la semaine des rencontres SF (science-fiction) de la RAB coordonnée par Alice Poggioli.

Comprendre les enjeux territoriaux

Clémentine Baloche, de la chambre d’agriculture de Normandie et éleveuse, est venue animée cet atelier.

« Le but est de présenter au mieux ce qu’estune ferme et son écosystème, de partager et d’échanger afin de faire tomber certaines barrières et idées reçues. »

Une quarantaine de personnes, agriculteurs, acteurs du monde agricole ou d’associations, simples habitants du bocage, de toutes générations, participaient à cet échange.

Catherine Baloche a fait une introduction très chiffrée et détaillée afin de planter le paysage et de comprendre les enjeux territoriaux

« Le paysan est celui qui dessine le paysage de par son travail, par l’activité de culture ou d’élevage ». Catherine Baloche

« C’est actuellement 1,5% de la population active, avec 77% d’exploitation en moins depuis les années 80, et d’autant plus pour les éleveurs. Les prairies ont diminué de plus de 50%, avec 30% de bovins en moins, et 50% de moutons en moins depuis les années 80 et le remembrement. »Vidéos : en ce moment sur Actu

Un groupe de travail autour de scénarios prospectifs
Aux Tourailles (Orne), un groupe de travail autour de scénarios prospectifs. Les chiffres avancés par la chambre d’agriculture de Normandie sont alarmants. ©L’Orne combattante

Les haies en quelques chiffres

  • 30 à 50 % de vent en moins à l’intérieur des terres
  • 30 % d’évaporation de l’eau en moins
  • Diminution de l’amplitude thermique de 1 à 2 degrés
  • Augmentation du rendement en plein champ dès qu’on passe la zone des 15 mètres autour des haies ou le rendement est pauvre
  • Augmentation de la biodiversité
  • Source d’énergie, taille régulière du bois.

La prairie capte 4 fois plus de carbone qu’une terre en culture et d’autant plus si elle est pâturée. L’Orne a 13% d’éleveurs et 7% de bovins en moins sur les 5 dernières années. L’assemblée s’est ensuite partagée en groupe hétérogène afin d’établir des scénarios prospectifs.

Pourquoi êtes vous venu ?

François Poulain, paysan boulanger à Lougé-sur-Maire
« Je suis venu pour réfléchir ensemble. On est en cours d’installation paysan-boulanger. Ça m’intéresse forcément, notamment, les aspects agricoles et de la biodiversité. Concilier un objectif de production, nourrir les gens, et un objectif climatique devient plus que jamais un enjeu essentiel. »

Gilles Delaunay, paysan à la ferme du mont Hardy
« J’ai déjà participé à la RAB de l’année dernière, j’ai trouvé cela intéressant. Bocage et pâturage, ça résonne en plein contexte du ras le bol des éleveurs. C’est ma façon de m’interroger. Je ne suis pas allé sur les grèves, car je ne suis pas forcément en phase avec les revendications. La diminution des normes environnementales qui se dessinent et la loi sur le GNR, cela va profiter aux plus gros pollueurs. Je suis en bio et je vais vendre moins cher que le conventionnel, il y a un problème. »

Alexis Graindorge, éleveur de vaches laitières au Ménil-de-Briouze
« J’ai vu l’atelier sur une publication Facebook du pays de Briouze. En tant qu’agriculteur, la thématique m’intéressait, voir m’intriguait par le titre, un bocage sans pâturage. C’était l’idée de discuter avec des gens non issus de milieux agricoles. J’avais envie d’échanger et de parler concrètement de ce qui se passe dans la vraie vie d’un agriculteur. »


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