Tu te souviens quand on travaillait ?

Réflexion sur notre rapport au travail.

27/01 14 h 30 · Coworking La Haye, Craménil

12aine de personnes, 1er temps d’échange sur la définition que l’on donne au mot ‘Travail’, puis réflexion sur sa place dans notre société et RAB 2050. 

Le “Travail”, grand mot ou gros mot? Commençons par un tour de définitions sorties lors de l’atelier:

“C’est réaliser des tâches”

“C’est gagner de l’argent”

“C’est du temps salarié et rémunéré”

“C’est le revenu” / “Le revenu c’est une manière de valoriser le travail”

“C’est douloureux, c’est aliénant” vs “C’est émancipateur”

“C’est l’existence dans la société”

“C’est l’inclusion dans la société”

“C’est nourrir pour soi et nourrir quelque chose” 

“C’est apporter de la valeur à”

“C’est l’activité”

“Est-ce c’est quelque chose de rémunérateur ?”

“Le travail c’est aussi le travail caché et pas toujours valorisé (domestique, bénévolat ect)”

On s’aperçoit, après un tour de table, que le travail occupe dans nos pensées un sentiment parfois péjoratif. L’étymologie rejoint ce sentiment: résistance, outil à trois pieux, machine de guerre, tourmenter, torturer..

Mais le travail n’est pas forcément une activité ingrate ou rémunérée: le bénévolat, l’associatif, les discussions autour d’un café, notre atelier du jour, faire son jardin, tout cela est du Travail, seulement ces temps sont non reconnus comme tel par le système actuel. Quand l’éducation des nouveaux nés à la maison ou les tâches ménagères seront-elles rémunérées? Un travail que l’on pourrait autrement qualifier « d’activités » émancipatrices pour toutes et tous, source de créativité et de création de valeur.

Nous nous sommes donc plus ou moins accordé par la suite, sur la définition suivante:

“Le travail c’est la création de valeur, matérielle ou non”. (D’ailleurs si l’on met un jugement de valeur sur cette “création de valeur”, qu’on se demande qu’est ce qui a de la valeur, plusieurs questions se posent. Qu’est ce qui du coup serait une création de valeur souhaitable? Est-ce qu’on estime que des œuvres et projets qui détruisent, polluent (ect) sont un travail louable ? De quel point de vue se place-t-on lorsque l’on qualifie cette valeur ?)

Au delà de cette production de valeur, le travail possède bien nombre de vertues:

-L’émancipation personnelle (dans l’accomplissement de la tâche)

-Porteur de sens dans sa vie (à quoi je contribue, comment suis-je utile pour la société)

-Source d’intégration sociale (avec les collègues, les partenaires, le réseau)

-Reconnaissance sociale par ses pairs (dans ses compétences, l’entraide collective)

Les discussions se poursuivent autour de la place du travail dans le futur, comment serait une société qui ne connaîtrait pas le mot travail en 2050 par exemple? On touche du doigt comme il est difficile d’imaginer des futurs inconnus, de penser d’autres imaginaires. Les discussions tournent autour de la place de l’argent, de système global d’entraide, de sécurité sociale, d’économie de la fonctionnalité, de redistribution équitable de la rémunération, d’une société sans argent… De la manière dont on gèrera les tâches ingrates alors ?, de certains rôles ultra spécifiques, qu’en faire ? Comment assurer l’existence de ces compétences ?. Non la monnaie d’échange est centrale, c’est sa finalité qui a été dévoyée au cours du temps. On imagine alors une société plus simple (dans laquelle certaines activités non nécessaires n’existeraient plus, où, si automatisation il y a, qui n’aurait pas augmenté la masse de travail,…), des scénarios où l’on mettrait l’humain au centre. C’est un jugement de valeur que de considérer une tâche ingrate, si l’on changeait plutôt notre regard sur celles-ci et notre manière de les gérer pour les rendre agréables, joyeuses et collectivement réalisées ? Seraient-elles encore perçues comme ingrates ? 

Un constat émerge: le travail est en lien direct avec notre santé! Et le modèle productiviste et extractiviste nous amène à l’inverse d’une santé de fer: inutilité, dévalorisation, perte de sens, burn-out, bore-out (l’impression de ne rien faire, être inutile), bref, comment changer tout ça ?

“J’ai quitté mon taf qui n’avait plus de sens”

Avec la nécessité d’un changement de modèle économique et de système de valeur. En quoi ce que nous produisons rend service aux nouvelles régulations écologiques, aux territoires, à la population présente et future ? La reconnaissance non plus en volume, en chiffres d’affaires et autres indicateurs financiers, mais de la valeur ajoutée réelle, des externalités positives dégagées, du service rendu. Inclure des indicateurs de bienfaits sociaux, environnementaux, de résilience pour demain, de créativité, de réponses à la raréfaction des ressources, de création de bien être, de lien, de réponse aux enjeux d’un territoire et de ses habitants.

Ce qui est sûr, c’est que l’ensemble des participant.es de l’atelier ont soif de cette recherche de sens et de reconnaissance, en adoptant de nouvelles activités, tournées vers l’écologie et le social, faisant échos au mouvement mondial en cours de Grande démission ou plutôt de Grand engagement. Certain.es témoignent (non sans ignorer que c’est, aujourd’hui, tristement réservé à une minorité de personne de se poser la question) : 

“Je n’ai plus l’impression de travailler”

Accélérer la création de métiers durables, non-délocalisables et porteurs de sens, changer notre conception de la valeur, qui ne serait plus l’argent mais le service rendu, imaginer des manières plus justes, plus collectives, plus dé-concentrées de répondre à ces services, voilà de quoi faire bouger le monde capitaliste.

On finira par cette phrase:« Le travail c’est la vie », oui et non… Est-ce le travail ou plutôt « l’activité utile permettant de subvenir à ses besoins réels » ?


Publié

dans

par

Étiquettes :