Dernier voyage dans le bocage

Balade macabre suivie d’un café mortel (au Bar-resto Le Citron Bleu) pour échanger

sur notre vision future de la mort, du deuil, des célébrations…

29/01 – 16 h · place du marché, La Carneille

30ene de personnes, format: balade vers un cimetière privé et présentation de ce dernier, échange sur la place de la mort dans notre société, poème, puis clôture par un apéro au bar resto le Citron Bleu à la Carneille… Parce qu’il y a une vie avant la mort ! Échange en sous groupe pour imaginer la place de la mort dans le bocage en 2050

Que d’échanges riches autour de la Mort pour clôturer cette deuxième édition de la RAB, sujet tabou dans notre société occidentale.

Le premier “thermostat à chaud” sur notre rapport à la mort révèle des points de vue et vécus bien différents:

“Ayant côtoyé la mort plusieurs fois, j’ai désormais un autre rapport, plein sein”

“Ici pour découvrir cet univers un peu tabou “

“Je perds assez fréquemment des connaissances, je me suis fait à sa [la mort] présence”

“La mort et tout ce qui tourne autour me passionne”

“On devrait y voir la joie, changer notre rapport à la mort”

Puis c’est une balade champêtre débutée dans les allées du village de La Carneille, qui nous amène petit à petit à discuter en petit groupe de nos diverses expériences et points de vue, avec des pauses poétiques citant Victor Hugo. La découverte du cimetière privé du Bois Rocher, avec un temps historique et législatif sur les rites funéraires, nous permet de s’arrêter, contempler, se re-situer.

On passe à une série de “Le savez-vous”:

-Le savez-vous: historiquement, on enterre les morts depuis 100 000 ans. C’est environ 9 000 ans avant notre ère que l’on voit apparaître les premières nécropoles, enterrement dans des fosses collectives etc… lorsque Homo Sapiens abandonne la chasse et la cueillette au profit de l’agriculture et la sédentarisation.

-Le savez-vous: C’est en Egypte, au plus près des pharaons, que les premières traces de thanatopraxie (la conservation des corps) ont été découvertes. En effet, dans la croyance égyptienne, il y a une vie après la mort. Les Egyptiens pensent qu’à la mort d’un individu, l’âme s’en va, mais pour une durée limitée. Quelque temps plus tard, celle-ci est censée retrouver le corps du défunt.Cette croyance collective a donc donné naissance au procédé de momification.

Les Egyptiens ne sont pas les seuls à pratiquer l’embaumement durant l’Antiquité. On retrouve ce rite particulier, dont le processus varie quelque peu selon les cultures: chez les Romains, en lavant le corps du défunt à l’eau chaude ou à l’huile, chez les juifs, où l’on recouvrait le corps de linges imbibés d’huile et d’épices. C’est au XIXème siècle qu’une première technique d’embaumement artérielle voit le jour.

Le savez-vous: en France, un diplôme national Pompes funèbres est délivré par le Ministère de la Santé à la suite d’une formation de 150 heures et d’une pratique de 100 opérations sous le contrôle d’un tuteur. Cette formation porte sur l’anatomie, la médecine légale, l’hygiène et les sciences humaines de la mort.

Après cette aparté, c’est un temps “boissons chaudes ou froides” au café local qui nous a permis de repenser la vision et place de la mort dans notre bocage à l’horizon 2050.

Voici ce qu’il en ressort:

De la Danse, musique, feu de joie, chants, des fêtes joyeuses, la création de forêt des âmes et jardins des souvenirs où les défunts reposeraient au milieu d’arbres plantés pour l’occasion (600 morts/an dans le bocage soit une dizaine de jardins), collectif de création de cercueil locaux et écologiques en osier, des pôts de départ au format ouvert dans un lieu précis et emblématique, des repas en phase, voir décidé, avec le défunt, parler de son souhait de mort à son entourage une fois par an, faire ses propres funérailles en amont, tant qu’on est vivant.e, ouvrir les possibilités de mort (incinatation, plantation, compostage, jeté dans la mer, chimique, suicide collectif, grand saut, dons…), se réconcilier avec les ainé.es (les voir vieillir puis mourrir), rituel de planter pour préparer son chemin vers la mort, temps pour pleurer (les pleureuses), changer les imaginaires sur la représentation de la mort (symbole d’unea passeuse, belle dame blanche plutôt que la faucheuse), peut être changer le terme de mort, “changement d’état” ou l’adjectiver, “mort nourricière”. 

Fini donc les cérémonies tristounets, les enterrements la tête baissée, les discours pesants et les vêtements sombres, les Halloween et Toussaint actuels, et place à des moments festifs, des célébrations inspirées du Mexique, un rapport nouveau et plus sain à la fin de vie.

Ceci ouvre de nouveaux horizons, comme la montée de modes de sépulture écologiques en Europe, qui viennent remplacer la crémation et l’inhumation pour répondre aux problématiques environnementales actuelles. On peut notamment citer l’humusation, processus de transformation par les micro-organismes présents dans les premiers centimètres du sol, qui donne en 12 mois un “super-compost”. Plus besoin de cercueil, pierre tombale, frais de concession et d’embaumement, écologique et économique!


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