Internet à l’heure de l’effondrement
15 h 30 · Les fourmis vertes, Landisacq le 24 Janvier 2023
13 personnes dans le réfectoire des FV, format prise de parole en tour de table + réactions autour de la question :
Peut-on développer un internet local ?
Si oui à quelle échéance ? Avec quelles ressources/contraintes?
Comment pourrions nous nous détacher totalement des structures nationales ? Et si elles buguaient ?
1. Les peurs
Notre dépendance
Scénario d’un atelier qui a existé : Ca se passe comment la résilience alimentaire sans internet ? La France est victime d’un hacking total, la presse nous donne 24 heures pour préparer une réponse avant de rendre la chose publique..
Quid des coupures d’énergie ? De la hausse de l’énergie ?
Et si les routiers ne voulaient plus nous approvisionner ? On aurait seulement 3 jours d’autonomie. “Une civilisation n’a l’épaisseur que de trois repas.”
Sources:
Et quid du débat sur les ondes toujours pas tranché ? On pourrait aussi décider de ne faire que du filaire..
Le numérique au service des pouvoirs préexistant
L’outil numérique est un outil de puissance maladroit. Aujourd’hui force est de constater qu’il renforce des mécanismes de pouvoirs qui existaient avant lui alors qu’il était censé transformer la société.
L’outil est devenu central sans jamais se concentrer sur l’intérêt général.
“C’est ce que Benjamin Bayart appelait le « minitel 2.0 » ou la recentralisation/concentration d’un système fondamentalement décentralisé. De mon point de vue, le problème se situe au niveau de l’état d’esprit de notre société.”
QR CODE : https://www.youtube.com/watch?v=AoRGoQ76PK8
2. Internet pour quoi faire ?
Wikipédia est le fruit d’internet et est la meilleure encyclopédie au monde tout en ne pesant que quelques Go. Par exemple, la version anglaise ne pèse que 4,4 Go, soit l’équivalent de 4 petits films.
La connaissance n’est pas lourde, ni consommatrice.
Bien sûr, Wikipédia ne rassemble qu’une toute petite partie de nos connaissances, elle n’est pas suffisante en elle-même. Mais ce qu’il faut comprendre c’est que ce qui est lourd c’est surtout la vidéo, pas le texte.
Mais c’est vrai qu’à tout chercher en ligne, on ne retient pas grand chose. Cela pose la question plus ouverte de la transmission de la connaissance..
On a parlé aussi de la nostalgie de l’époque T411 qui ouvrait pour la première fois un accès illimité et gratuit à la culture. Internet, ça permet aussi de s’échapper de sa propre culture et de se cultiver sans bouger.
Qu’est ce que ca apporte internet pour faire du remploi ?
Contexte : En ce moment, 4 recycleries (Les Fourmis Vertes, 2ème vie 2ème chance, Séemaphore, La bacer) s’associent pour développer le projet Syreen : une plateforme de réemploi de matériaux issus du BTP.
De la vitesse et de la réactivité.
Cela permet à tout le monde de produire et de collecter de l’information avec une égalité de droits.
Par ailleurs, Internet permet de protéger la ressource. Le non numérique force à la centralisation et donc l’information dans les mains de quelques-uns.
Internet permet le pair à pair et différents espaces de publicité : le communautaire, le public de proximité et le tout public.
3. Et si on se ré-appropriait nos technologies de communication ?
Et si à la République Autonome du Bocage on souhaitait être indépendant et souverain dans nos moyens de communication ?
Certes il y a la Radio, le courrier, le morse lumineux de maison à maison… Mais internet est quand même un moyen de communication ultra puissant. Est ce possible de se le réapproprier ?
NB : Les réseaux de téléphonie sont aujourd’hui numérisés.
La matière
Nous avons un stock abondant et inexploité de matière localement. Des PCs qui pourraient vivre encore 10 ans sont bazardés car ils ne supportent pas Windows 10. Etant donné que les préjugés sur Linux ont la vie dure, c’est des montagnes de PCs qui partent dans des filières de démantèlement à but lucratif et à chemin obscur.
Entre un serveur qui héberge vos données dans le “cloud” et votre ordinateur personnel, il n’y a en théorie rien de différent que le fait d’avoir un écran, une souris et un clavier. Ainsi, si nous ne sommes pas trop gourmands en ressources, nous avons des serveurs pour des années..
En termes de terminaux, si on parle d’empreinte carbone, ceux sont eux les plus impactants (70% en France selon l’Arcep..). On pourrait aussi imaginer mutualiser davantage les terminaux.
Et après ? C’est pas délirant d’imaginer fabriquer des ordinateurs avec des ressources plus ou moins locales. On pourrait imposer l’utilisation de standards ouverts, “le matériel libre » et une forte réparabilité. Mais on reviendrait à des ordinateurs plus gros. Fini les smartphones et les tablettes. Si on commence à avoir des problèmes d’approvisionnement, vu l’obsolescence de ces produits, on en viendrait vite à bout..
Quant aux fameuses imprimantes, ça reste à creuser…
Les réseaux
Internet, c’est littéralement un réseau de réseau. Aujourd’hui nous avons 4 fournisseurs d’accès à internet de premier plan, les BOFS (Bouygues, Orange, Free et SFR.) mais il en existe en réalité beaucoup beaucoup plus. Et rien ne nous empêche de créer notre réseau local et de nous connecter au reste du monde.
Sans rentrer dans les détails, il existe la fédération FDN (french data network), Fédération des Fournisseurs d’Accès Internet Associatifs qui accompagne ce type d’initiative. (Liste des réseaux locaux existants) C’est pas si cher ni compliqué mais ça demande tout de même des compétences et du temps. Il le font déjà au CIER à Vire et en 5 ans le seul incident a été une souris qui a mangé un cable.
Et si on installait des antennes wifi sur le territoire de la RAB ? On pourrait s’inspirer du réseau mesh de New York !
L’énergie
Et si on installait ces antennes wifi sur des éoliennes ? Ca nous permettrait d’envisager un réseau internet, local, autonome et résilient. Il y a de vrais modèles économiques à creuser.
Et si on se servait des data center pour chauffer les serres ?
A quand un internet local ?
On veut qu’il s’aligne sur les prix du marché avec la possibilité d’avoir un abonnement réduit voir gratuit en échange de contributions.
On veut permettre à des personnes non techniques de contribuer.
On veut pouvoir payer en différentes monnaies.
On veut que ce soit fiable, performant, sécurisé et joli!!!
Et on aimerait aussi des services comme :
- Annuaires de contacts
- Youtube / spotify / wikipedia
- Production et partage de fichiers
- Slides, documents, tableurs, photos etc.
- Mail, Visio-conférence
- Partage d’événements, Agenda partagé
- Une mutuelle d’outil, une application de sondage, de formulaire
Le débat a été ouvert sur l’atteinte à la neutralité du web au service de l’écologie. Et si on limitait la bande passante pour Netflix et le porno ?
Finalement, on était plutôt d’accord de taxer le mésusage, c’est-à-dire que tu consommes beaucoup de données (ce que tu fais en regardant des vidéos par exemple), tu paieras de façon à financer un internet gratuit pour les plus sobres. Pour les films, on aurait des soirées ciné dans chacun village ?
Que nous manque-t-il pour mener le projet à bien ? Du temps et une raison d’être économique..
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Mise à jour de Mars 2023 : Un projet des CHATONS est en train de se monter vers Briouze ! Plus d’info à demander à Alice à numerique@fabriquedubocage.fr
CHATONS : CHATONS est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Ce collectif vise à rassembler des structures proposant des services en ligne libres, éthiques et décentralisés afin de permettre aux utilisateur⋅ices de trouver rapidement des alternatives respectueuses de leurs données et de leur vie privée aux services proposés par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).